Dans les cuisines enchantées d’un vieux château de pierre rose, vit un petit magicien nommé Gabin le baveux. Chaque matin, le soleil caresse les fenêtres colorées et éclaire des rangées de pots et de bocaux. Gabin tourne en rond sur le carrelage brillant, il porte un chapeau pointu un peu trop grand, et son manteau bleu est parsemé d’étoiles dorées. Il aime les bruits doux des cuillères et le parfum sucré des confitures. Il parle souvent aux casseroles qui chantent quand elles chauffent.
Un midi, alors qu’il prépare sa soupe préférée à la courge, Gabin remarque que sa cuillère magique a disparu. Cette cuillère unique est peinte avec des arcs-en-ciel et des petites lunes. Elle permet à la soupe de chanter, de pétiller et d’éveiller la joie. Sans elle, la soupe reste triste et silencieuse. Gabin le baveux cherche partout : il regarde sous la table, ouvre chaque tiroir, observe derrière chaque pot d’épices. Il soupire et murmure : « Où est ma cuillère magique ? »
Tout à coup, un petit lapin rose apparaît en bondissant. Il a de longues oreilles souples et un pelage duveteux. Cet animal imaginaire parle avec une voix chantante : « Hop hop, je vais t’aider ! » Le lapin gratte le sol, renifle des miettes colorées et découvre un ruban doré collant sur le plan de travail. C’est un premier indice.
Peu après, un musicien entre dans la pièce. Il est vêtu d’un gilet vert et il tient un tambour décoré de glyphes anciens. Il frappe doucement sur la peau tendue : bim, bam, bim. Le son résonne harmonieusement. Le tambour dit : « Je joue pour toi, mon ami Gabin, pour te donner du courage ! » Le rythme réveille la confiance du petit magicien. Gabin tape dans ses mains et danse d’un pied sur l’autre.
Mais soudain, une sorcière grise fait son apparition. Elle glisse parmi les étagères, son chapeau pointu effleure les pots suspendus. Elle laisse échapper un rire sec : « Ha ha ha, ta cuillère est à moi ! » D’un geste, elle attrape un panier poussiéreux et fait apparaître la cuillère magique. Gabin se sent tout petit. Le lapin rose recule d’un bond, le tambour se tait, et le silence envahit les cuisines enchantées.
Pourtant, Gabin ferme les yeux, inspire à pleins poumons et pense à son rêve : offrir à tous une soupe dansante. Il se rappelle la douceur du miel, la rondeur de la courge et le goût frais de la menthe. Alors il lève sa baguette fine, celle qu’il a reçue de sa grand-mère, et il prononce calmement : « Abracadabra plic plac placabrac ! » Un halo scintillant s’élève autour de la baguette, illumine les casseroles et caresse la sorcière. Les murs se parent de couleurs arc-en-ciel.
La sorcière cligne des yeux, perd l’équilibre et fait tomber le panier. Le lapin rose bondit, saisit la cuillère magique et la tend à Gabin. Le tambour repart en un rythme joyeux : bim bam bim badabim ! Gabin tient sa cuillère, elle brille comme un trésor chaud. La sorcière baisse la tête, son regard s’adoucit. Elle murmure : « Pardon… Je n’aurais pas dû la prendre. »
Gabin sourit, compatissant. Il lui offre un bol fumant de soupe parfumée à la courge et à la menthe. La sorcière goûte, ses yeux s’ouvrent de surprise. Elle rit doucement, oublie sa méchanceté et partage la soupe avec Gabin, le lapin rose et le tambour. Les casseroles reprennent leur chant joyeux, les étoiles peintes murmurent une berceuse. Tout le monde rit, clapote la soupe et danse autour de la grande table en chêne.
Gabin le baveux serre sa cuillère magique contre son cœur. Il a retrouvé son précieux objet. Il a gagné un festin de soupe délicieuse et de nouveaux amis. Dans les cuisines enchantées, il n’y a plus de tristesse, seulement des rires, des chants et de la chaleur partagée. Et chaque soir, avant de s’endormir, Gabin dit merci à la magie, à l’amitié et à la bienveillance.
Chaque matin, Gabin repense à cette aventure. Il sait que la magie est plus belle quand elle est partagée. Et maintenant, chaque soupe prépare un nouveau sourire. Tout est possible avec un cœur généreux et un peu de fantaisie. Fin.