Ce matin-là, Corentin, un jeune explorateur au regard pétillant, poussa le grand portail forgé de fer blanc du Parc d’attractions Étoilé. Les manèges tourbillonnaient déjà sous un ciel azur, tandis que la douce mélodie des farandoles flottait dans l’air. Les guirlandes lumineuses, ancrées aux toits colorés, semblaient scintiller rien qu’à l’idée de nouvelles aventures. Corentin ressentait dans son cœur une excitation joyeuse mêlée à une légère appréhension, car il avait entendu parler d’une légende mystérieuse : la Carte aux Étoiles, un trésor ancien dissimulé quelque part dans le parc. Cette quête allait demander courage, ingéniosité et entraide. Son sac à dos bien fixé sur ses épaules, il se dit qu’aujourd’hui serait un jour inoubliable.
À peine quelques pas l’y séparèrent de la grande roue étincelante qu’il aperçut une silhouette voûtée, drapée dans une cape violette : le Sorcier Sélénor. Avec son long chapeau pointu et sa longue barbe argentée, il semblait flotter plutôt que marcher. Lorsqu’il salua Corentin d’un geste lent de sa canne sertie d’un cristal bleu, le jeune explorateur sentit toute la bienveillance du sorcier. « Bonjour, Corentin, dit Sélénor d’une voix douce et rieuse. Je sais que tu cherches la Carte aux Étoiles. Cette carte renferme un pouvoir magique capable de faire briller le parc comme mille constellations. Mais elle est divisée en trois fragments. »
Les yeux de Corentin s’écarquillèrent. « Trois fragments ? » répéta-t-il. Le sorcier acquiesça. « Le premier est caché près de la Montagne Russe des Vents Lunaires, le deuxième sous le Ferris Sacré et le troisième dans l’Allée des Reflets Dorés. Chacune de ces zones abrite un indice, protégé par une énigme ou un défi. » Corentin sentit son cœur battre plus vite. Il venait de recevoir sa mission officielle. Il offrit à Sélénor son plus beau sourire timide, tandis que le sorcier lui tendait une petite boussole enchantée, toute en bronze ouvragé.
Alors qu’il s’éloignait, une voix sonore et un peu hésitante s’écria : « Hé, attends-moi ! » Corentin se retourna pour découvrir un jeune lanceur de sorts au visage rond et aux taches de rousseur. Il tenait un grimoire à la couverture verte, ouvert sur une page remplie de symboles colorés. « Moi, c’est Milio le Lanceur de sorts, dit-il en s’inclinant maladroitement. Je suis un peu… débutant, mais j’ai promis à Sélénor de t’aider. » Malgré sa timidité évidente, on devinait chez Milio une détermination sincère. Corentin l’accueillit avec enthousiasme. Ensemble, ils formaient déjà une équipe, prête à déjouer tous les mystères.
Non loin, une vibration profonde fit trembler le sol : un mammouth à la fourrure crème et aux yeux rieurs fit son entrée par une porte secondaire. Il portait une petite bannière brodée de petites étoiles dorées sur son dos massif. Corentin, ébahi, comprit qu’il s’agissait de Mogo le Mammouth, ce doux géant chargé de veiller sur les visiteurs du parc. Malgré sa taille imposante, Mogo avait un cœur tendre et une voix grave mais chaleureuse. Il salua Corentin et Milio d’un puissant « Bonjour, mes amis ! Prêts pour l’aventure ? » Corentin posa la main sur la fourrure soyeuse du mammouth, rassuré par sa présence réconfortante.
La première étape conduisit le trio vers la Montagne Russe des Vents Lunaires. Les wagons, ornés de croissants argentés, filetaient le long de rails sinueux. Avant de pouvoir embarquer, un bandit masqué surgit des coulisses. Il arborait un grand manteau noir et tenait une bourse remplie de pièces brillantes qu’il faisait tinter avec mépris. « Vous croyez vraiment pouvoir dénicher la Carte aux Étoiles avant moi ? ricana-t-il. Cette bourse m’aidera à soudoyer les plus réticents ! » Corentin sentit l’injustice le brûler. Milio voulu lancer un sort d’aveuglement, mais il doutait encore de sa maîtrise. Mogo se plaça devant le bandit, faisant trembler le sol sous ses pas lourds.
Le bandit ricana et agita sa bourse : « Sors du chemin, mammouth ! » Mogo, qui était doux mais juste, répondit d’un ton posé : « Ce parc n’appartient à personne, petit voleur. Partage tes pièces et laisse-nous passer, ou tu subiras les chatouilles de mes défenses géantes ! » À ces mots, Corentin en profita pour s’avancer : sans agressivité, il expliqua l’importance de la carte pour redonner de l’éclat au parc et offrir un peu de magie à tous les visiteurs. Touché par ses mots, le bandit fronça les sourcils. Peut-être n’était-il pas entièrement mauvais…
Contre toute attente, le bandit jeta sa bourse par terre et s’en alla en courant, laissant derrière lui un étrange parchemin plié. Milio le ramassa, le déplia et lut l’énigme inscrite en lettres argentées : « Quand le vent souffle, cherche la porte où l’écho te guide. Là, une étoile te montrera la suite du mystère. » Corentin soupira d’excitation. « Il faut trouver cette porte et écouter l’écho. Allons-y ! » Leur boussole magique s’illumina d’un faible halo bleu, pointant en direction d’un viaduc sombre.
Arrivés devant la grande porte métallique du viaduc, ils s’obstinèrent à écouter. Un vent doux fit résonner l’acier en un tintement mélodieux, presque comme un chant. Mogo utilisa sa patte pour appuyer légèrement sur un symbole en forme d’étoile incrusté dans la porte. Dans un grondement sourd, elle pivota, révélant un escalier descendant vers les entrailles de la montagne russe. Armés de lampions phosphorescents, Corentin, Milio et Mogo s’engagèrent dans l’obscurité, le cœur battant d’impatience.
Quelques mètres plus bas, ils trouvèrent un petit coffret de bois argenté. Corentin l’ouvrit délicatement et en sortit le premier fragment de la Carte aux Étoiles : un morceau de parchemin aux bords dentelés. Dès qu’il l’eut en main, il vit la lueur d’un astre brillant, prête à s’unir aux autres fragments. Milio pesta en réalisant qu’il avait égaré son grimoire et s’excusa. Mais Corentin calma son ami : « Ne t’inquiète pas, ton courage est ton plus grand livre de sorts ! » Ils remontèrent ensemble vers la lumière du jour.
La seconde étape se trouvait sous la majestueuse roue d’acier, le Ferris Sacré. Chacun des nacelles portait un symbole différent. Corentin et ses compagnons durent choisir la nacelle marquée d’un croissant : elle les emmena au sommet, face au soleil. Là, le sorcier Sélénor, qui les avait discrètement accompagnés, apparut dans un nuage de fumée argentée. Il leur présenta une seconde énigme, inscrite dans le ciel : « Quand la nuit approche, écoute le murmure des sièges suspendus. Là, un mot perdu te mènera au troisième indice. »
Les sièges se mirent à se balancer lentement sous la brise, produisant un chuchotement semblable à un millier de voix. Corentin ferma les yeux et tendit l’oreille. Milio, plus anxieux, ferma aussi les yeux et étonna tout le monde en fredonnant une mélodie qu’il venait d’inventer. Les notes se mêlèrent au souffle du vent et formèrent le mot « Clé ». Aussitôt, le barillet central de la roue rougeoya et révéla une serrure en forme de cœur. Mogo plaça sa trompe pour insérer délicatement la pièce en forme d’étoile que le bandit avait laissée tomber. La serrure s’ouvrit en douceur et le deuxième fragment tomba dans la nacelle.
Avec deux morceaux en main, l’équipe prit une pause bien méritée. Au stand de barbe à papa, Corentin offrit deux sucres filés à ses amis. Ensemble, ils partagèrent un moment de rire, trempés de sucre rose et scintillant. Milio, encore un peu tremblant, réalisa que le partage et la confiance renforçaient leur courage. Mogo, d’un geste tendre, essuya un peu de sucre de la moustache du petit lanceur de sorts, ce qui provoqua un éclat de rire général. Même Sélénor, apparu en ombre légère pour les observer, esquissa un sourire.
Le dernier indice se trouvait dans l’Allée des Reflets Dorés, un couloir aux miroirs où chaque image déformait les visiteurs en géants, en acrobates ou en animaux fantastiques. Corentin traversa ce kaléidoscope d’illusions, fasciné par les reflets de lui-même. Au centre de l’allée, il découvrit un miroir plus grand, serti de petits diamants étincelants. À travers lui, ils voyaient le parquet s’illuminer de constellations. Une voix douce murmura : « Sous l’étoile rouge, soulève la dalle scintillante. »
Guidé par la voix mystérieuse, Corentin leva la dalle rose et y trouva le troisième fragment de la carte. Mais, juste à ce moment, le bandit revint, furieux d’avoir été éconduit. « Vous pensiez vraiment m’avoir évité si facilement ? » hurla-t-il en dégainant un filet magique. Mogo réagit en un éclair : il plaça son immense corps entre le bandit et Corentin. Le filet s’enroula autour de la patte du mammouth, mais se rompit sous sa puissante pression.
Le bandit chancela, surpris par la résistance de son piège. Milio saisit alors son grimoire imaginaire, gonfla son torse et lança un sort – un simple jet de lumière chatoyante – qui désarma le malandrin. Corentin profita de ce moment pour proposer un marché : « Donne-nous la Carte aux Étoiles, et tu deviendras le gardien officiel du parc, entouré d’amis et de rires. » Le bandit, touché par cette offre généreuse, baissa la tête et tendit la main pour signer la trêve.
Enfin réunis, les trois fragments s’assemblèrent dans les paumes de Corentin. Les parchemins se fondirent doucement en une unique Carte aux Étoiles, formant un dessin d’or et d’argent représentant tout le parc, constellations incluses. Un halo lumineux l’enveloppa. Corentin sentit la magie vibrer : les guirlandes prirent une intensité nouvelle, chaque manège sembla danser de joie, et les lampions s’élevèrent comme de petites lucioles enchantées.
Le sorcier Sélénor réapparut, applaudissant silencieusement. « Tu as réussi, Corentin. Ta bravoure, ta générosité et ton esprit d’équipe ont permis de réveiller la magie du parc. En cadeau de ta victoire, je t’offre la clef dorée de l’Observatoire des Étoiles, là-haut, d’où tu pourras contempler le monde entier. » Corentin, ému, remercia humblement le sorcier. Milio posa une main amicale sur son épaule en souriant, tandis que Mogo souffla un petit nuage de vapeur joyeuse.
Pour célébrer, toute la troupe se retrouva au sommet de la grande roue. En apercevant l’Observatoire des Étoiles, suspendu au firmament, Corentin inséra la clef dans la serrure, déclenchant un feu d’artifice de lucioles dorées. Chaque étincelle sembla raconter une histoire de rêve et d’amitié. Les rires fusèrent, les cœurs battirent à l’unisson, et même le bandit, désormais reconverti en gardien vigilant et chaleureux, partagea un éclat de joie.
Ce soir-là, Corentin retourna chez lui, la boussole enchantée et la clef dorée serrées dans son sac. Il savait que l’aventure resterait gravée pour toujours dans sa mémoire, mais surtout dans celle de tous ceux qui avaient participé à cette quête. Il avait découvert un trésor bien plus précieux que l’or : la force de l’amitié, la magie de la confiance et la joie de travailler en équipe.
Et à chaque fois qu’il repenserait à son expédition au Parc d’attractions Étoilé, il se rappellerait qu’ensemble, on peut illuminer le monde tout entier.