
Dans un royaume lointain et très coloré, vivait une jeune ballerine nommée Lily-Noy. Elle était timide mais courageuse, toujours prête à danser et à rêver d’aventures merveilleuses. Chaque matin, elle enfilait ses chaussons roses et tournoyait en silence dans son petit château. À ses côtés, son fidèle Ours en peluche, appelé Miel-Douillet, veillait sur elle. Miel-Douillet était doux, un peu prudent, mais toujours plein d’entrain et d’amour pour Lily-Noy.
Un jour, le roi du royaume annonça la grande fête annuelle : un spectacle de danse ouvrirait les célébrations. Lily-Noy rêvait de danser devant toute la cour et la foule rassemblée sur la grande place ornée de guirlandes. Elle imaginait des pirouettes étincelantes et des sauts légers comme des plumes. Mais la petite ballerine avait peur de se tromper et de tomber.
Le lendemain, elle s’entraîna dans la grande salle de bal. Miel-Douillet l’encourageait : « Tu peux le faire, Lily-Noy ! » chuchotait-il. Lily-Noy souriait, toucha son nounours et recommença ses enchaînements. Ses chaussons frottaient le parquet. Chaque respiration se transformait en espoir.
Alors qu’elle tournoyait, un bref éclat de lumière glissa sous la porte. Une silhouette sombre et mince apparut. C’était la Sorcière Grelottine, une méchante magicienne qui redoutait la joie et la musique. Elle frissonna de colère en entendant la musique qui se préparait. Elle détestait voir les enfants heureux, surtout ceux qui dansaient mieux qu’elle ne jetait de sorts.
« Ha ! », ricana la Sorcière Grelottine en regardant Lily-Noy. « Je vais gâcher ton spectacle ! » Elle leva sa baguette noire. « Cha-cha-clac ! Barrez tes chaussons, chère enfant ! »
Mais Miel-Douillet bondit devant Lily-Noy et attrapa la baguette. Il se tint droit, fier et déterminé. « Non, toi ! » Dit-il d’une voix tremblante mais ferme. Un jet d’étincelles éblouit la pièce. La sorcière recula en poussant un cri aigu.
Lily-Noy, bien que tremblante, s’approcha de Miel-Douillet. « Tout va bien, mon ami ? » demanda-t-elle. Le peluche secoua la tête et répondit : « Elle a lancé un mauvais sort : elle veut que tu oublies ta danse ! »
Lily-Noy sentit son cœur battre fort. Puis elle se souvint d’une idée : si la sorcière ne pouvait plus danser dans son petit corps de peluche, alors peut-être qu’un geste de gentillesse l’aiderait.
« Grelottine », appela Lily-Noy doucement, « je sais que tu as un grand chagrin. La danse t’a peut-être blessée un jour. Veux-tu danser avec nous ? »
La sorcière cligna des yeux. Personne ne lui avait jamais parlé avec douceur. Un silence s’installa. Miel-Douillet reposa la baguette. Lily-Noy prit la main gantée de la sorcière.
Alors, tout doucement, la petite ballerine fit un pas, puis deux, puis un tour sur elle-même. Miel-Douillet imita son petit saut. Grelottine resta figée. Un long frisson la parcourut.
« Un, deux, trois… » chanta Lily-Noy. La sorcière ferma les yeux. Lorsque le chœur arriva au mot « quatre », elle se mit à imiter à petites reprises le mouvement. Son chapeau tomba, son manteau tressaillit.
Peu à peu, la magie noire se dissipa. Ses traits devinrent moins sévères, et un sourire timide se dessina sur son visage. « Je… je n’avais jamais ressenti cela », murmura-t-elle. « La danse… c’est si doux ! »
Lily-Noy sourit à son tour. « Viens danser avec nous demain, à la fête du royaume. »
Le lendemain, la grande place était remplie de guirlandes, de rubans et de rires d’enfants. Le roi salua Lily-Noy et lui fit un signe pour qu’elle entre en piste. Son cœur battait très fort. À ses côtés, Miel-Douillet lui faisait un clin d’œil. Dans le public, Grelottine la sorcière était assise, vêtue d’une robe légère, prête à applaudir.
La musique commença. Lily-Noy tourna, fit des pliés et des jetés. Son sourire illuminait la scène. Miel-Douillet exultait de joie. Grelottine applaudissait et laissa même tomber une larme de bonheur.
À la fin du spectacle, le roi lui remit une boîte dorée. « Pour toi, Lily-Noy, en récompense de ton talent et de ton grand cœur. » Lorsqu’elle ouvrit la boîte, un nuage de poussière d’or fit briller ses chaussons. Un ruban argenté apparut, tressé dans ses cheveux, symbole d’amitié et de confiance.
Lily-Noy invita Grelottine sur scène. La sorcière, un peu gênée, s’inclina maladroitement. Puis elle fit un petit tour, comme Lily-Noy le lui avait appris. Les deux dansèrent ensemble, main dans la main.
Le roi et la reine se levèrent pour applaudir, puis tout le peuple se joignit à eux. Des feux d’artifice colorés jaillirent dans le ciel étoilé du royaume. Lily-Noy, Miel-Douillet et Grelottine virent naître une pluie d’étincelles dorées, promesse de jours heureux.
Ce soir-là, Lily-Noy s’endormit avec la boîte dorée posée sur sa table de chevet. Miel-Douillet serrait son bras. Grelottine, maintenant protégée et amie, referma doucement la porte.
Dans ses rêves, Lily-Noy volait sur une piste de nuages, ses chaussons devenus ailes, accompagnée de son ours peluche et de sa nouvelle amie la sorcière. Le royaume tout entier dansait à l’unisson.
Et c’est ainsi que la petite ballerine timide devint une étoile radieuse. Elle apprit que la danse est un pont entre les cœurs et que la gentillesse peut transformer la magie la plus sombre en lumière.