Histoires pour enfants

Arthur et la Salle Interdite du Manoir Halliwell

Histoires pour enfants

Arthur, un jeune détective passionné et débrouillard, s’introduit dans le mystérieux manoir Halliwell, guidé par un chat sage. Ensemble, ils affrontent les énigmes troublantes d’un Résolveur d’énigmes spectral et s’allient à un énigmatique Gardien pour espérer déverrouiller une salle secrète défendue par des pièges anciens et des illusions. Mais, dans les couloirs sombres du manoir, chaque découverte soulève de nouvelles questions…
Arthur et la Salle Interdite du Manoir Halliwell

Chapitre 3 : Le Gardien des Reliques

Chapitre 3 : La Galerie des Artefacts et la Dernière Clé

Un grincement discret signalait la fin du passage : devant Arthur s’ouvrait une immense galerie plongée dans une lumière verte et dorée, filtrée par des vitraux où s’enchevêtraient dragons stylisés et lions ailés. Partout, l’air sentait la cire et l’électricité, comme si les souvenirs eux-mêmes palpitaient entre les vitrines ensevelies de poussière. Les murs, tapissés de velours moiré, semblaient soupirer sous le poids des objets rares : horloges lunatiques, baguettes cassées, coussins couverts de broderies anciennes – ici, chaque recoin regorgeait de mystère.

Au centre, le Gardien des reliques se dressait aussi raide qu’un chandelier, son visage dissimulé sous la capuche nattée de fils d’argent. Dans ses mains, il tenait, non pas un livre ou un sceptre, mais un petit coffret d’ébène orné d’un cadenas en forme de point d’interrogation gigantesque.

— Bienvenue dans la Galerie des Artefacts, jeune Arthur, murmura-t-il sans hausser la voix, et pourtant, sa parole s’inscrivit dans le moindre repli du velours environnant. Ici dorment les trésors d’âmes oubliées, chacun portant la marque d’une histoire inachevée. Pour franchir le seuil de la salle interdite, trois énigmes t’attendent, et chacune exigera de toi plus que de la raison. L’intelligence seule n’ouvre rien, ici : il te faudra aussi le cœur et la mémoire.

Arthur sentit Esprit, le chat, se serrer contre sa cheville. Le Gardien tendit la paume : l’air vibra. Trois objets glissèrent hors de leurs vitrines, lentement, comme s’ils flottaient dans une mare invisible : une montre ronde à l’aiguille figée, une plume d’oie nerveuse qui dansait toute seule au bout d’un ruban, et un sablier de cristal où le sable montait au lieu de couler.

— Trois gardiens muets, trois vérités inavouées…

— Et trois chances de te faire piéger par ton propre orgueil, ricana doucement Esprit, dont la queue battait l’air d’un rythme secret.

Arthur approcha, cherchant déjà dans les moindres recoins le détail capable de guider son raisonnement. La montre d’abord, toute de cuivre bosselé, sur le cadran de laquelle l’aiguille s’était plantée sur minuit. Un tic-tac sourd vibrait pourtant, comme le battement d’un cœur fatigué.

— Première énigme… annonça le Gardien. « Je fais le tour du monde sans jamais quitter le lieu où je suis né. On m’attend, on me redoute, et pourtant, je suis chaque fois le signal d’un recommencement. Moi, qu’est-ce que je suis ? »

Arthur relut la montre, étudiant les minuscules chiffres fleuris, les initiales M.H. gravées discrètement sur le métal. À côté, la plaque indiquait : « Cette montre n’aura marché qu’un soir, quand tout changea. » Il ferma les yeux. Esprit, plus sérieux que d’habitude, souffla à mi-voix :

— Parfois, le temps ne se détraque que pour mieux attendre un signe… Regarde, mais surtout, écoute ce qu’elle ne dit pas.

Le manoir… Une nuit inoubliable… Un recommencement. Soudain, Arthur comprit : la montre appartenait certainement à l’un des deux frères, brisée la nuit du conflit. Sa course arrêtée était celle de leur lien, interrompu à minuit, l’heure du fameux drame.

— Tu es le temps du pardon, annonça Arthur à la montre. L’instant précis où tout aurait pu changer. Minuit, ce n’est pas la fin, mais la possibilité de recommencer.

Un souffle léger passa entre les vitraux. L’aiguille se mit à trembler, puis avança, triomphante, sur un petit cliquetis, et une lumière douce pulsa. Un fragment de clé dorée apparut, comme fondu dans l’hologramme de la montre.

— Première victoire, murmura Esprit, qui semblait presque soulagé.

Le Gardien ne laissa pas le répit s’installer : la plume, maintenant, voletait au-dessus d’un parchemin vierge. Elle dessinait, effaçait, recommençait sans cesse, hésitait sur chaque trait, comme prise d’un doute inlassable.

— Seconde énigme, reprit le Gardien d’une voix légèrement plus pressée. « Je transmets les vœux et les regrets, j’exprime la colère ou la douceur. Je peux tout graver ou tout effacer. Pourtant, je n’agis que si l’on ose me tenir et partager ce qu’on cache. Qu’est-ce que je suis vraiment ? »

Arthur observa les mots inachevés s’esquisser, s’effacer : « Pardon… trop tard ? » puis « Promis… » et « Pourquoi n’es-tu pas revenu ? »

Il saisit la plume – elle semblait vibrer d’une chaleur à peine contenue. Esprit grimpa sur la table, fixant le garçon de ses prunelles jaunes très intenses.

— Cette plume-là n’a attendu toute sa vie qu’on lui dise enfin ce qu’on n’osait pas écrire. Regarde ce qu’elle veut vraiment transmettre, et ose à ta place ce que d’autres n’ont pas pu.

Mais Arthur sentit un pincement étrange : ce n’était pas de la logique qu’il fallait, mais un élan du cœur. Il trempa la plume dans l’encre, et, d’une main maladroite mais franche, traça : « Je te pardonne. Reviens. »

Aussitôt, la plume vibra, puis s’enroula sur elle-même, déposant dans l’air deux mots dorés – « enfin dit » – qui tombèrent en pluie légère sur la vitrine. Une deuxième partie de la clé se matérialisa.

Lentement, Arthur remit la plume dans sa vitrine, songeant que la force d’un pardon écrit est parfois la clef que guettent les souvenirs les plus blessés.

Pour la dernière épreuve, le sablier se balançait doucement, hypnotique, et ses grains de sable, étrangement, coulaient du bas vers le haut. La plaque lisait : « L’espoir, même inversé, ne s’arrête jamais de chercher sa route. »

Le Gardien posa, cette fois, sa voix sur une note plus grave :

— Dernière énigme : « J’avance à rebours mais ne perds jamais une seconde, car j’emporte toujours avec moi le meilleur de ce qui a été donné. Je te rends nostalgique et confiant tout à la fois. Qui suis-je ? »

Arthur hésita, observant longuement les grains de sable. Il pensa à ses propres souvenirs, à tout ce qu’il avait traversé depuis son entrée dans le manoir. L’enfance… les regrets… la promesse qu’il s’était faite, enfant, de ne jamais laisser une énigme sans réponse… Esprit, enroulé autour de sa cheville, murmurait :

— Chaque chose qui nous bouleverse porte aussi la promesse de mieux comprendre. Laisse-toi guider par ce que tu ressens à l’intérieur… Et écoute : il y a parfois des lendemains dans les souvenirs d’hier.

Arthur soupira. Il prit doucement le sablier dans ses mains, en répondit plus à mi-voix qu’au Gardien :

— Tu es la mémoire qui console. Ce n’est pas le sablier du regret, ni celui du « jamais plus », mais celui qui célèbre ce qu’on a su partager, même s’il faut parfois regarder le passé à l’envers pour avancer…

Le sablier se tut, puis explosa doucement en myriades d’étincelles ; la troisième parcelle de clé tomba sur la table, rayonnant d’une force mystérieuse.

— Mais… murmura Arthur, ébahi, pourquoi ai-je l’impression que cette clé compte aussi pour toi ?

C’est alors qu’Esprit soupira longuement. Son regard, d’ordinaire pétillant de malice, s’emplit d’une gravité rare.

— Peut-être parce que, jadis, elle portait mon espoir à moi aussi, admit-il pour la première fois. J’étais le chat d’un garçon qui n’est jamais revenu après cette fameuse dispute. J’ai attendu ici, fidèle à ma promesse, à garder ce manoir jusqu’à ce que quelqu’un ose tout recommencer… ou tout achever.

Arthur serra la main d’Esprit dans sa paume. Il comprenait, désormais, que le manoir ne pleurait pas simplement sur une dispute ancienne ou un secret jalousé, mais sur toutes les peines qui n’avaient jamais pu trouver de dénouement.

Le Gardien assembla les trois fragments : dans une lumière douce, la clé de la Salle interdite fut forgée, sculptée d’arabesques complexes et de minuscules visages hilares ou éplorés.

Mais, au moment où Arthur tendit la main pour la saisir, le Gardien murmura lentement :

— La Salle interdite ne renferme pas de trésor ordinaire, Arthur. Parfois, certains secrets sont mieux laissés aux ombres. Es-tu certain de vouloir franchir ce dernier seuil ? Car ce qui s’apprend ici ne pourra jamais s’oublier.

Un silence tomba. Esprit, le regard déterminé, s’inclina :

— Il faut parfois dissiper le brouillard pour faire entrer enfin la lumière… Même si cela change tout à jamais.

Arthur sentit le doute s’insinuer, ténu mais réel. Que trouverait-il, derrière cette porte? Sa curiosité se tint droite, orgueilleuse ; mais ce fut surtout le besoin de comprendre, plus que de réussir, qui porta sa décision. Il leva la clé, déterminé.

— Oui. Je dois savoir. Ce manoir le mérite, et peut-être moi aussi.

Le Gardien s’inclina profondément, comme devant un roi en exil. Les vitraux vibrèrent doucement, un soupir de brise caressa la nuque d’Arthur.

— Qu’il en soit ainsi. Va, découvre ce qui fut perdu et ce qui peut toujours être sauvé…

Arthur serra la clé contre lui, le cœur battant fort. Esprit le suivait, le pas plus léger, comme s’il venait de briser ses propres chaînes. Devant eux, le couloir s’ouvrait, plus vaste, plus lumineux – et, au loin, la tapisserie effacée de la Salle interdite semblait déjà frémir sous le souffle du prochain secret dévoilé.



AccueilConcoursParticiperFun
Histoires pour enfants - Arthur et la Salle Interdite du Manoir Halliwell Chapitre 3 : Le Gardien des Reliques